
INTERVIEW : ROKHAYA BADIANE MBAYE, COORDINATRICE DE LA CELLULE « GENRE » de l’ANACMU, RANCONTE CES DEFIS DANS LE CADRE DU RENFORCEMENT DE L’IMPLICATION DES FEMMES DANS LA MUTUALITE AU SENEGAL
1- Vous êtes nommée coordonnatrice de la Cellule « Genre» de l’ANACMU, pour donner à la question des femmes, une place de choix dans le programme de CMU au Sénégal, quel est votre sentiment ?
(Rires) Sentiment de satisfaction bien sûr ! Permettez-moi d’abord de remercier Monsieur le Directeur général, pour cette marque d’estime et de confiance. Ce choix porté sur moi est illustratif de l’attention qu’il me porte mais également qu’il porte à l’endroit de toutes les femmes de l’Agence et l’importance qu’il donne à la problématique de l’équité de genre. En faire une Cellule est une preuve supplémentaire de bonne volonté et surtout une preuve d’engagement auprès des femmes, pour leur donner la place qu’elles méritent dans le programme de Couverture Maladie Universelle.
Je suis bien consciente des attentes qui pèsent sur moi, mais avec l’appui de tous mes collègues, sans exception et tous nos partenaires, on peut améliorer la prise en compte des femmes dans ce programme aussi bien en ce qui concerne leur prise en charge sanitaire que leur participation à la gouvernance des mutuelles et à la mobilisation des communautés. Le Sénégal est cité partout en exemple et ce n’est pas le hasard car l’économie sociale et solidaire y est très dynamique avec des retombées positives sur la santé de nos populations.
Ce leadership est impulsé par les plus hautes autorités du pays et ça se traduit par des résultats tangibles, comme le choix de faire du Sénégal, le plus grand pourvoyeur de femmes ciblées dans le projet: «Renforcement de la place de la femme dans la mutualité», qui concerne 9 pays africains.
2- Justement à propos de ce projet, notre pays semble en être la boussole et le catalyseur, n’est-ce pas un réel défi pour vous, qui êtes censée incarner le renforcement de l’implication des femmes dans la mutualité au Sénégal ?
Nous mesurons très bien la hardiesse de la tàche. Les attentes sont nombreuses et les objectifs très ambitieux, mais nous entendons relever ce défi. D’abord parce que nous avons le soutien de Monsieur le Directeur Général, le soutien de nos collègues mais également des femmes mutualistes. Heureusement d’ailleurs que nous partons de quelque chose. En matière de leadership des femmes dans les organisations socio-économiques, le terrain est déjà balisé. Nous pouvons dire aujourd’hui, que toutes les conditions sont réunies pour promouvoir davantage la participation des femmes dans la gestion des mutuelles de santé au Sénégal et leur insertion dans les instances de prise de décisions.
3- Ce projet très ambitieux va s’étendre sur trois ans, sur quels leviers comptez-vous appuyer au Sénégal pour l’atteinte des objectifs ?
Sur le levier de la communication, en premier. Nous l’avons dit et répété au cours de l’atelier, nous ne pourrons jamais réussir sans une bonne communication sur le projet. C’est à partir de la communication, que nos cibles, l’ensemble des acteurs et la population mutualiste de manière générale vont s’approprier le projet. Nous avons bon espoir, avec le soutien indéfectible du PASS, de réussir ce projet. Nous allons lancer une première campagne de communication autour du projet pour avoir le maximum de soutiens et d’engagements de la part de nos sœurs leaders, qui sont dans la société civile et dans d’autres secteurs. Nous avons besoin de leur voix mais également de leur influence et de leurs réseaux, pour étendre nos chances de réussite. Beaucoup d’autres initiatives vont être prises pour mobiliser toutes les énergies afin de relever le défi du projet.
4- Que pensez-vous du terme « genre », souvent trop chargé et à la limite même effrayant pour certains ?
Vous savez, la notion de genre est définie au Sénégal par la Stratégie Nationale d’Equité et d’Egalité de Genre (SNEEG).Il faut comprendre le terme «genre» dans sa dimension stricto-sensu, c’est-à-dire le comprendre sous l’angle du renforcement des capacités des femmes dans leur domaine d’intervention. Souvent, les gens interprètent mal le terme en l’associant à d’autres réalités, mais pour ce qui nous concerne, les orientations et les objectifs sont très clairs. Nous travaillons à renforcer le leadership de nossœurs dans les mutuelles de santé. Nous travaillons également à leur plus grande participation à l’effort de CMU. Enfin, nous travaillons à une meilleure prise en compte des besoins des femmes par les mutuelles des santé. C’est de notoriété publique que la femme aime les défis et réussit très souvent, quand il s’agit des questions de développement socio-économique. Nous devons également, dans notre communication, mieux éclairer nos cibles et l’ensemble des populations sur les objectifs de ce projet, qui mérite soutien et accompagnement.
SUNU CMU & PASS